Les Démences Parkinsoniennes

Luc Defebvre

 

 

 Critères diagnostiques des syndromes parkinsoniens

Le syndrome parkinsonien se définit par l’association :

o        d’une akinésie

o        avec un autre signe caractéristique parmi :

o        tremblements,

o        hypertonie ;rigidité

o        et troubles du contrôle postural.

La maladie de Parkinson (MP) représente environ 75% des syndromes parkinsoniens, proportion dépendant de l'âge du patient.

Les autres causes de syndromes parkinsoniens sont multiples et diverses, et doivent être recherchées systématiquement car le diagnostic de  MP est clinique et se définit par leur exclusion. 

Les examens para cliniques aident au diagnostic d’exclusion : IRM,et d’autres sont encore du domaine de la recherche( électrophysiologie, spectroscopie de diffusion)

Diagnostic étiologique :

Les causes de syndromes parkinsoniens sont :

o        les syndromes parkinsoniens iatrogènes : NL, Noctran, Agréal

o        origine dégénérative sporadique :

§         MP

§         AMS,PSP,DCB,DCL

o        origine dégénérative héréditaire :

§         MP familiale,

§         Huntington,

§         PKAN

o        les syndromes parkinsoniens vasculaires,

o        les syndromes parkinsoniens métaboliques :

§         dont la maladie de Wilson avant 50 ans

§         Fahr

§         Dystonie dopasensible

o        les syndromes parkinsoniens liés aux hydrocéphalies ou à des lésions structurales

o        origine traumatique, infectieuse (prion) ou toxiques (anoxie,Co,methanol, pesticides…),tumorales

Dans la plupart des cas ils représentent moins de difficultés diagnostiques, à l’exception des syndromes parkinsoniens iatrogènes qui peuvent constituer un véritable piège diagnostique.

Les causes d'erreurs les plus fréquentes surviennent avec des syndromes parkinsoniens dégénératifs "primaires" (par opposition aux syndromes parkinsoniens "secondaires": vasculaires, tumoraux, toxiques ...). Ils sont souvent aussi baptisés syndromes parkinsoniens " atypiques", terme préférable à celui de "Parkinson plus". Il sont dits "atypiques" car ils présentent des signes "en plus" ou inattendus en référence avec la MP et ses critères cliniques du diagnostic. Ils pourraient aussi d’ailleurs être considérés comme " Parkinson-moins " en raison de leur mauvaise réponse thérapeutique et de leur mauvais pronostic. Les affections dégénératives constituant les principales sources de confusion de diagnostic avec la MP sont : les atrophies multisystématisées (MSA), le syndrome de Steele-Richardson-Olzewsky ou paralysie supranucléaire progressive (PSP), la dégénérescence cortico-basale (DCB), la démence à corps de Lewy (DCL) et la maladie d’Alzheimer (MA). Ces affections totalisent 10% à 20% des syndromes parkinsoniens et doivent être suspectés devant un syndrome parkinsonien progressif ressemblant à une MP mais présentant ces fameux signes "atypiques". Ces signes d’alerte ("drapeaux rouges") doivent être systématiquement recherchés devant une suspicion de MP et contrôlés ensuite durant son évolution

 La maladie de Parkinson :

Epidémiologie

2ème  pathologie neuro-dégénérative après la MA

prévalence 150/100 000 h   2%  > 65 ans

début 55-60 ans (10% débutent avant 40 ans)

Signes de début :

o        tremblement 70%

o        akinésie maitre symptome 

o        rigidité hypertonie  classique roue dentée avec le tremblement associé

o        troubles de la marche

o        douleurs (épaules),crampes

o        dépression

o        micrographie, troubles de la voix monocorde

o        dystonieà varus équin à la marche

o        troubles de l’odorat

o        troubles du sommeil paradoxal (troubles du comportement le sujet vit son réve)

Critères de l’UKPDSBB de diagnostic de maladie de Parkinson

Étape 1. Diagnostic de syndrome parkinsonien :

o        Bradykinésie et au moins un des signes parmi les suivants:

o        Rigidité musculaire, hypertonie

o        Tremblement de repos à 4-6 Hz

o        Instabilité posturale non expliquée par une atteinte primitive visuelle, vestibulaire, cérébelleuse ou proprioceptive

Étape 2. Absence de critères d’exclusion de la maladie de Parkinson (Diagnostic différentiel)

o        Antécédents d’AVC répétés et progression par-à –coups : vasculaire

o        Antécédents de traumatismes crâniens répétés : origine traumatique (boxe)

o        Antécédent documenté d’encéphalite

o        Troubles de l’oculomotricité, Paralysie supranucléaire du regard ,Crises oculogyres : PSP

o        Traitement neuroleptique durant les premiers symptômes

o        Antécédents familiaux de plusieurs cas de syndromes parkinsoniens

o        Rémission prolongée

o        Signes strictement unilatéraux après 3 ans d’évolution

o        Syndrome cérébelleux :AMS

o        Dysautonomie sévère et précoce non liée au traitement : AMS

o        Démence sévère et précoce avec troubles de la mémoire du langage et des praxies : demences MCL

o        Signes pyramidaux ( Babinski) : PSP,AMS

o        Tumeur cérébrale ou hydrocéphalie communicante sur le scanner

o        Progression rapide  -Absence d'amélioration prolongée sous fortes doses de lévodopa (en l’absence de malabsorption) :PSP,AMS

o        Exposition au MPTP

o        Dyskinésie dopa induites absentes ou atypiques :AMS

 

Étape 3: Critères évolutifs positifs en faveur du diagnostic de maladie de Parkinson

o        Début unilatéral, asymétrique

o        Présence d’un tremblement de repos

o        Évolution progressive

o        Amélioration significative (>70%) par la lévodopa du côté initialement atteint

o        dyskinésies intenses induites par la lévodopa

o        Sensibilité à la lévodopa pendant 4 ans au moins

o        Durée d’évolution supérieure à 9 ans

 

Signes atypiques: "Drapeaux rouges"

o        Instabilité posturale et chutes précoces :PSP

o        Dysphagie, dysarthrie précoce, syndrome pseudobulbaire : PSP

o        Dysautonomie sévère et précoce (initiale ou < 2ans) :AMS

o        Démence initiale ou précoce :PSP,DCL

o        Signes pyramidaux: PSP , AMS

o        Signes cérébelleux:AMS

o        Signes d’atteinte de la corne antérieure :

o        Signes corticaux pariétaux asymétriques: troubles sensitifs, apraxie, phénomène de la main étrangère : DCB

o        Troubles de l’oculomotricité-parésie vers le bas : PSP

o        Tremblement myoclonique atypique :DCB, AMS

o        Progression rapide, Perte rapide de la marche/station debout (fauteuil roulant) : PSP , AMS

o        Absence de réponse prolongée à la lévodopa: PSP , AMS

o        Dyskinésies dopa-induites absentes ou atypiques:AMS

Signes associés à la MP :

o        Douleurs

o        Dysarthrie

o        Troubles du sommeil et de la vigilance

o        Troubles digestifs et respiratoires

o        Troubles vésico-sphinctériens

o        Troubles tensionnels

Evolution de la MP :

o        Evolution progressive des signes cardinaux

o        Complications motrices :

§         fluctuations;

o        akinésie de fin de dose ou paradoxalement  de début de dose

o        akinésie nocturne ou au réveil

o        akinésie post prandiale ou de fin d’après-midi

o        Effets On Off dans 10 % des cas à 2 ans de traitement

§         mouvements involontaires : dyskinésies :

o        trop dosé « pic de dose »

o        sous dosé de début et de fin de dose

o        fluctuations non motrices :

§         douleurs

§         dysautonomie

§         hypersialorrhée

o        apparition des troubles intellectuels : 20 à 40% de démences

o        troubles psychiques :

§         confusion

§         hallucination psychose dopaminergique à ttt : Leponex®

o        signes axiaux tardifs : à rééducation , risque de chute

Evolution progressive selon la classification de Hoehn etYahr

Syndromes parkinsoniens des maladies neuro dégénératives primaires dites « Parkinson plus »

1 AMS atrophie multi systématisée .

Critères consensuels pour le diagnostic Minneapolis 1998.

Epidémiologie :

1 AMS /10 à 20 MP

prévalence : 8 à 17 /100000

Durée moyenne d’évolution : 6 à 9 ans ( MP 15 a 20)

Dc # : AOPC atrophie olivo ponto cerebelleuse et DSN

Formes Cliniques :

1 Syndrome parkinsonien akinéto rigide  prédominant : AMS-P   (¾ des cas)

Signes : Bradykinésie, rigidité, tremblement, troubles posturaux

Critère : Bradykinésie + 1 autre signe

 

2 Syndrome cérébelleux prédominant : AMS- C   ( ¼ des cas)

Signes : Ataxie à la marche (polygone élargi + pas irréguliers), dysarthrie, ataxie des membres, nystagmus soutenu regard latéral.

Critère : Ataxie à la marche + 1 autre signe

 

3 Shy Dragger : dysautonomie ++

Signes : Hypotension orthostatique (>- 20 mmHg syst et > -10 mmHg diast à 3 min)

Incontinence ou vidange vésicale incomplète

Critère : Hypotension orthostatique symptomatique ou non

(>- 30 mmHg syst et > -15 mmHg diast à 3 min)

ou

Incontinence urinaire (sévère chez la femme, impuissance chez l'homme)

 

4 Atteinte du faisceau cortico-spinal

Babinski + réflexes vifs

 Diagnostic :

MSA certaine : confirmation pathologique.

 

MSA probable = critère dysautonomie + critère syndrome parkinsonien peu dopa sensible (réponse<50% dose >1g, 3 mois) ou critère cérébelleux.

 

MSA possible = 1 critère d'un domaine + 2 autres signes de domaines différents. Si le syndrome parkinsonien à une réponse pauvre à la lévodopa alors un seul signe supplémentaire suffit.

 

Imagerie :

Atrophie ponto cérébelleuse

Atrophie avec signe en croix

Dépôts de fer dans le cervelet

Signe de la parenthèse sur coupe coronale

 

Electrophysiologie :

 

Dysautonomie :

Souvent HTA nocturne  et hypotension diurne

 

Critères d’exclusion :

·         Age < 30 ans

·         Histoire familiale similaire

·         Maladie systémique ou autre cause neurologique expliquant les troubles

·         Hallucinations spontanées

·         Démence (DSM-IV)

·         Saccades verticales lentes ou paralysie supranucléaire

·         Signes corticaux : aphasie, membre étranger, apraxie ...

2 PSP maladie de Steele-Richardson-Olzewski

3 à 7%  des syndromes parkinsoniens

prévalence  6 /100 000

2 à 12 ans d’évolution avec une moyenne à 6-7 ans

 

Critéres cliniques :

au début :

o        vagues troubles visuels regard figé

o        instabilité posturale rapide à chutes inexpliquées

o        labilité émotionnelle

o        ralentissement psycho moteur

à la phase d’état :

o        Syndrome parkinsonien axial peu dopa sensible

o        troubles posturaux avec attitude en hyperextension (contrairement au parkinson avec camptocormie ) avec Rigidité cervicale ; Postures anormales du cou ; rétrocolie

o        Paralysie supra nucléaire verticale du regard (Ophtalmoplégie supra nucléaire) 

o        Augmentation des Troubles de la marche avec rétro pulsion et chutes

o        Signes pyramidaux

o        Syndrome pseudo bulbaire :dysphasie, dysarthrie

o        Syndrome frontalà démence de type frontale

Zone de Texte:

Imagerie :

o        amincissement du mésencéphale

o        En sagittale aqueduc de Sylvius élargi

 

 

 

   Image en bec d’oiseau

 

3 La démence à corps de Lewy,Critères du diagnostic clinique :

1.      Requis: Détérioration cognitive progressive suffisante pour interférer avec une activité sociale ou professionnelle normale. Des troubles prédominants et persistants de la mémoire peuvent manquer au début mais sont habituels avec l’évolution. Les déficits aux tests d’attention et des performances frontales sous corticales et visuo-spatiales peuvent être particulièrement marqués.

   2Deux des signes cardinaux pour le diagnostic de forme probable, un pour une forme possible:

o        Cognition fluctuante avec variations prononcées dans l’attention et l’éveil comportemental

o        Hallucinations visuelles récurrentes habituellement bien systématisées et détaillées

o        Syndrome parkinsonien spontané non iatrogène qui survient secondairement. Rarement l’inverse (1% des cas )

   3Arguments en faveur

o        Chutes répétées

o        Syncopes

o        Pertes de conscience transitoires

o        Sensibilité aux neuroleptiques

o        Délire systématisé

o        Hallucinations d’autres modalités non visuelles

o        Troubles du comportement  du sommeil paradoxal

o        Syndrome dépressif

   4Critères d’élimination

o        AVC: signes focaux ou imagerie

o        Maladie générale ou cérébrale pouvant expliquer le tableau clinique

4 .La dégénérescence corticobasale (DCB)

(Litvan et al., 1997)

Début :

·         Syndrome parkinsonien très asymétrique non sensible à la lévodopa

·         Dystonie des membres asymétrique

·         Apraxie idéomotrice asymétrique, phénomène de la main étrangére

·         Absence de trouble de l’équilibre ou de la marche

Evolué :

·         Troubles de l’équilibre et de la marche très tardifs

·         Apraxie idéomotrice

·         Myoclonies focales (surtout déclenchées par le stimulus)

·         Troubles cognitifs frontaux sous corticaux.

Pronostic mauvais : avec bilatéralisation des symptômes et survie moyenne à 6 ans

 

5 .La Maladie d’Alzheimer (MA) :

dans ¼ des cas survient un syndrome parkinsonien lors de l’évolution

 

6 .La Maladie de Pick

 

Intérêt d’évaluer les fonctions cognitives devant un syndrome Parkinsonien.

 

Il existe une méconnaissance des troubles car sous-évaluations du fait que:

o        la pathologique extrapyramidale est souvent axée sur les troubles moteurs

o        les critères diagnostics laissent peu de place pour les troubles cognitifs

o        les patients, les familles se sentent plus concernées par le handicap moteurs (sauf à un stade plus tardif avec troubles du comportement).

 

Les troubles cognitifs sont constants dans le cours évolutif des syndromes parkinsoniens :

o        maladie de Parkinson : 90 % (20 à 30 % de démences)

o        atrophie multi systématisée

o        paralysie supranucléaire progressive, démence à corps de Lewy (démence précoce)

o        dégénérescence cortico basale

 

Intérêt du dépistage un stade précoce : valeur prédictive ?

§         apprécier le profil évolutif des troubles :

il existe une courbe évolutive de variabilité inter individuelle.

·         « Redresser le diagnostic » : intérêt pour le diagnostic différentiel

·         faire distingo avec des troubles thymiques

·         utilisation des nouvelles thérapeutiques médicamenteuses : anticholinestérasiques (Réminyl®) protocoles thérapeutiques : critère inclusion, éléments de suivi.

·         Avant Stimulation cérébrale profonde : critère inclusion Matisse> 130, en cas de chute apprécier le profil évolutif avant la chirurgie + +, et évaluation à distance.

 

Facteurs limitant l'évaluation :

·         la durée de l'évaluation (1 h 30 -- deux heures)

·         collaboration avec le neuropsychologue

·         état moteur du patient (effet on off)

·         état cognitif lui méme, thymique

·         le traitement suivi : dopa thérapie anticholinénergiques agoniste (BCD).

·         fluctuations des fonctions cognitives (DCL)

·         motivation des patients